LES REGLES DU JEU

Le dispositif pédagogique du Data Journalisme Lab 2015 a été mené selon la même configuration qu’en 2014 et 2013 :

  • Public : 36 étudiants de première année de master de l’IJBA
  • Durée : deux semaines + deux journées de lancement et une conférence de rédaction intermédiaire
  • Réalisation des productions : du 1 au 12 juin 2015

Après le départ d’Edith Rémond en retraite à la fin de l’année scolaire 2014, deux nouveaux intervenants ont rejoint l’équipe pour accompagner à tour de rôle les étudiants, aux côtés de Suzanne Galy et d’Alexandre Léchenet déjà présents lors des éditions précédentes : Jules Bonnard et Frédéric Sallet.

Avant le lancement des deux semaines de production programmées début juin, les quatre animateurs de la formation ont rencontré les étudiants :

le vendredi 10 avril

  • Suzanne Galy pour un cours introductif sur le data journalisme et le Data Journalisme Lab, une présentation des sources de données et des caractéristiques et des enjeux de l’open data locale
  • Alexandre Léchenet et Frédéric Sallet, pour une présentation et une analyse de productions de data journalisme.

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Les étudiants ont été invités à chercher des bases de données et des sujets de dimension locale sur le thème de l’environnement. C’est la première fois que le Lab fait ainsi l’objet d’une thématique unique pour l’ensemble des projets, démarche qui a été jugée convaincante par les intervenants sur un plan éditorial et du point de vue de la disponibilité de données brutes sur ce thème en open data.

 

 

 

 

le mardi 4 mai, pendant trois heures

  • Pour une conférence de rédaction intermédiaire dont le but était d’établir un premier inventaire des sujets susceptibles d’être traités sur le Data Journalisme Lab 2015.

Comme l’année précédente, une grande partie des étudiants a commencé à énoncer des sujets et des angles sans se soucier de l’accessibilité des données relatives à leurs sujets. A l’inverse, certains ont identifié des bases de données jugées pertinentes pour en tirer un sujet d’enquête, sans fonder leur conviction sur une analyse de leur contenu.

  • Un rédacteur en chef a été coopté par la promotion. Et les étudiants ont été invités à poursuivre leurs recherches sur leurs sujets : se documenter, définir des angles, constituer l’inventaire des données existantes, procéder à une sélection éclairée ou collecter d’autres données pour constituer leur base.

Commande leur a été passée d’un pitch de leur projet à remettre le 18 mai. Après élaboration des premières versions des « pitc20150603_163548h » par sujet, une liste de douze projets d’enquête a été retenue et validée. Des équipes de trois ou quatre étudiants se sont constituées pour chacun des sujets.

le mardi 26 mai

Après la première journée de lancement d’avril et la conférence de rédaction du 4 mai, les étudiants ont travaillé sur une autre production de l’école (BKL) et perdu manifestement de vue le data journalisme… Nous avons donc conduit une nouvelle conférence de rédaction avec eux le 26 mai pour leur demander de préciser leurs pitchs et les inviter à boucler avant le début de la session de production le travail documentaire sur le sujet choisi.

Chacun des douze groupes a ainsi été reçu et conseillé à tour de rôle par Jules Bonnard, Frédéric Sallet et Suzanne Galy, avec pour objectif de finaliser leur pré-enquête, la recherche et l’analyse des données, et de valider les axes de leur projet éditorial (enquête de terrain, visualisations des données) à mener durant la cession de production.

Constat : l’agencement du calendrier de lancement du Lab en plusieurs temps discontinus, ne favorise pas un bon démarrage des projets. Entre deux journées espacées dans le temps, les étudiants ne se mobilisent pas sur un travail personnel de recherche et de documentation. Par ailleurs, un calendrier resserré permettrait d’accompagner plus étroitement les groupes dans les étapes de validation de leur sujet… et d’envisager d’en changer le cas échéant, avant de se lancer en production. Ces constats seront pris en compte pour les futurs Data Journalisme Lab.

Du 1 au 12 juin : cession de production

A nouveau, au premier jour de la cession de production, chaque groupe a fait état à tour de rôle de l’avancement de son projet éditorial. Puis chacun s’est plongé dans son projet avec, comme toujours en pédagogie, de multiples va et vient, relectures partielles, discussions sur les angles et les sources, puis sur les choix éditoriaux.20150603_163411

A l’évidence les étudiants ont pensé au début qu’il suffirait de produire une belle visualisation et n’avaient pas du tout anticipé le temps qu’ils devraient consacrer à l’analyse et au traitement de leurs jeux de données, puis à l’enquête qu’il leur faudrait mener.

De fait, certains sujets ont rapidement montré leur faiblesse : difficulté à élaborer un propos conforme à l’angle énoncé au départ du fait du manque de données disponibles ou de l’absence de révélations délivrées par les données identifiées.

Trois groupes ont traversé un moment difficile en s’apercevant que les données invalidaient leurs hypothèses. Deux groupes n’ont pas pu approfondir leur enquête comme ils l’auraient souhaité. Certains groupes ont eu du mal à se placer à la bonne distance vis-à-vis de leur sujet, leurs interrogations étant manifestement dictées par la construction de leurs jeux de données.

Enfin, ce Lab 2015 a confirmé le déficit en connaissances et savoir faire « de base » des élèves dans le maniement des logiciels de tableur Excell ou Google Sheet (tri, filtre, tableau croisé dynamique).

Cette dimension, bien compréhensible au regard du parcours des étudiants sélectionné à l’IJBA (très peu sont issus de formation en mathématique, statistique ou informatique), sera certainement à consolider dans le parcours pédagogique des prochains Data Lab avec atelier d’initiation dédié.

20150612_155559Au terme de la cession de production, une demi-journée a été consacrée à une présentation collective des enquêtes au cours de laquelle Alexandre Léchenet a délivré ses remarques « expertes » sur chacun des sujets : forces et faiblesses. L’essentiel de ses remarques a porté sur la cohérence, la pertinence et la clarté des visualisations de données produites par rapport au propos délivré au lecteur. De l’art délicat de la mise en forme visuelle d’informations…

Nous vous livrons une synthèse de cet exercice critique dans la rubrique « On debrief ».

 

En conclusion, le Data Journalisme Lab 2015 a une nouvelle fois mis en évidence que le journalisme de données est un registre éditorial spécifique qui fait appel à toutes les compétences du journalisme et exige de la rigueur. D’un point de vue pédagogique, cette session de formation est riche d’enseignements : elle a permis aux étudiants de progresser dans leur connaissance des sources d’information, leur approche critique de ces sources, les domaines de compétence des collectivités et organismes pourvoyeurs de données, le travail sur les chiffres et les statistiques, la notion d’angle, sa mise en cohérence avec l’information dont on dispose, la vérification de cette information, les techniques d’enquête et d’interview, l’écriture informative.

Du data journalisme d’accord, mais du journalisme d’abord.

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